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déguisement de l’amour. Jane y avait répondu par charité, par dévouement, et ce n’était plus assez. Ses calmes familiarités, le chaste abandon d’une pudeur négligente à s’armer contre moi, m’eussent torturé après avoir fait mes délices. Il fallait partir.

Le soir, à six heures, la berline attendait, toute chargée, au pied du perron. Furey affairé y empilait encore mille colis supplémentaires, et fatiguait de ses recommandations le domestique qui allait m’accompagner. Dans la bibliothèque, j’écrivais un mot d’adieu pour Jane, que je n’avais pas revue. Cet adieu, dix fois recommencé, ne me satisfaisait pas ; j’aurais voulu qu’il se traduisît par un : « À bientôt ! » bref et dégagé, mais ma plume refusait d’obéir. Je venais de déchirer encore l’expression de regrets qu’il fallait gar-