Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/101

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der pour moi seul, et travaillais péniblement je ne sais quelle phrase compassée, lorsque tout à coup un souffle brûla ma joue, et, me retournant, je rencontrai deux yeux rouges et gonflés qui me demandaient à travers leurs pleurs :

— Est-il donc vrai que vous nous quittiez ?

Je détournai les miens comme s’ils eussent dû répondre :

— Oui, nous nous quittons pour toujours.

Aussitôt je sentis sa bouche se coller sur ma main, et la porte s’ouvrant en même temps, livra passage à ma belle-mère.

— Venez-vous ? dit-elle.

Ce baiser de Jane, le premier, le seul qu’elle me donna, ne lui fut jamais rendu.