Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IX


Le château de Belles-Aigues, où nous devions faire halte, n’est qu’à deux lieues de N***. Durant tout le trajet, je dissimulai de mon mieux le trouble que m’avait causé la singulière effusion des adieux de Jane. La vie montait en moi comme un fleuve qui déborde, ma souffrance avait une âpreté qui me rappelait que j’étais jeune. Je voulais la revoir, ne fût-ce qu’une seconde, la revoir à tout prix ! De peur que cette idée n’éclatât sur mon visage, je le voilais de ma main afin d’échapper à l’inquisition railleuse qui me poursui-