Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/105

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elle. Je pénétrais dans le jardin, je me glissais le long du mur tapissé de chèvrefeuille, et… je ne rêvais plus… J’étais sous sa fenêtre. Comme pour me protéger, la lune se voila. Si cette fenêtre entre-bâillée se fût ouverte tout à fait et que Juliette eût tendu la main à Roméo, je n’aurais pas été trop étonné, tant il me restait peu le sentiment des circonstances et de moi-même. Mais la lampe n’était rien moins qu’un fanal d’amour. Du poste d’observation que je m’étais choisi, — l’escalier, ou plutôt l’échelle extérieure, conduisant au premier étage et au grenier, — je vis Jane penchée sous l’abat-jour qui laissait sa chambre dans un faible crépuscule. Tous les rayons se concentraient sur cette tête pensive et sur la Bible placée devant elle. Jane faisait sa méditation du soir qui se termina par un signe de croix.