Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/109

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De cette expédition téméraire, dont je n’avais pas un instant prévu l’issue, mais d’où je croyais rapporter du moins un peu de courage, je revenais plus à plaindre qu’auparavant, car, dès lors, ce n’était pas seulement l’affection exclusive de Jane que je désirais, mais sa possession. Je m’assis sur un tas de pierres, le long de la route, le front lourdement appuyé sur mes mains. L’aube se leva, me rappelant à moi-même ; je ne devais pas être reconnu, un homme ne devait pas être vu à la porte de miss Sinclair. Lentement je me remis en marche par ce même petit chemin où nous avions, elle et moi, rencontré la noce, où l’arrivée de mon père était venue si cruellement m’arracher du pays des songes.

Comme ce matin-là, un vent frais faisait frissonner les blés ; les vapeurs qui s’élevaient