Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/160

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deux mains et l’embrassa avec tendresse avant de s’asseoir entre lui et Gaston. Ses yeux ayant rencontré ensuite ceux de M. d’Aubray, elle se troubla visiblement, et, durant tout le diner, n’ouvrit pas la bouche, examinant les fleurs de son assiette avec une singulière obstination.

Félix put l’étudier à son aise. Au repos, cette figure étroite, au teint pâle, aux cheveux fauves, était loin de séduire ; pour la trouver jolie, il fallait la voir lorsque Gaston lui parlait ou lorsqu’il lui témoignait quelque affection en s’occupant d’elle, en lui rendant de ces menus services qui n’ont de prix que par la grâce qu’on y met. Alors ses joues se coloraient légèrement, un éclair jaillissait de sa prunelle limpide et verdâtre comme une aigue-marine.

— Qu’as-tu fait aujourd’hui, mignonne ? lui demanda son père. Personne ne t’a vue.