Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/169

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et le récompensait par une gratitude qui, pour n’être point exprimée, n’en était pas moins vive. Tout l’attirait vers M. d’Aubray, sa douceur toujours égale, presque féminine, sa gravité même qui le vieillissait un peu et lui seyait mal, au dire de la plupart des gens.

Gaston l’avait accoutumée à des allures enjouées, badines, à cette galanterie élégante qui coûte si peu quand on a le cœur libre et qui assure l’éternelle supériorité de ceux qui n’aiment pas sur ceux qui aiment. Les indifférents l’eussent jugé très-amoureux, d’après son langage et ses manières, qui charmaient et inquiétaient Suzanne tout à la fois.

Elle rougissait sous son regard et était près de défaillir toutes les fois qu’il lui adressait un compliment. Le ton amical et sérieux de Félix la reposait et la rassurait au contraire.