Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/170

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Grâce à ses fiançailles, elle jouissait d’une certaine liberté, et lorsque Gaston courait les champs, ils restaient souvent seuls tous deux dans l’atelier, à travailler ensemble.

Rien de plus recueilli que ce réduit, de plus propice à la causerie. Pourtant on y parlait peu. Assis chacun devant un chevalet, Suzanne et Félix semblaient absorbés au point de s’oublier l’un l’autre. À peine le silence était-il rompu par l’écolière qui demandait un conseil, ou par le maître qui développait quelque théorie d’art.

On l’écoutait attentivement, on répondait par monosyllabes, puis, une seconde après, s’il arrivait à Félix de jeter un regard du côté de Suzanne, il l’apercevait songeuse, les mains pendantes, sa palette sur les genoux. La voix de Gaston retentissant dans l’escalier, elle re-