Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/186

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se coucha joyeuse, rassurée, en se disant qu’il l’aimait et qu’elle était une ingrate.

Tandis qu’elle remerciait Dieu, en s’accusant d’avoir méconnu son bonheur, Gaston dormait comme dort un hussard, à la suite d’un souper, et rêvait aux épaules de madame X, aux bras blancs de mademoiselle Y, qu’il avait oubliés le lendemain au réveil.

Quant à la situation de Félix, elle eût été plus difficile à analyser ; lui-même ne l’envisageait pas bien nettement. La petite fille dont la froideur paisible lui avait paru jusque-là repousser tout autre sentiment que l’amitié, s’était transformée à ses yeux. Il devait se la rappeler toujours, telle qu’il l’avait vue, sortant de son immobilité de marbre, par cette nuit d’orage, et il souhaitait que Gaston eût son cœur