Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/206

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« Il est inouï, mon cher Félix, qu’après ce qui s’est passé entre nous, tu t’obstines à me traiter en rival ; permets-moi de rire des mauvaises querelles que tu me cherches, sans grande raison, et apprends que j’ai failli te laisser le champ tout à fait libre, en rendant veuve ta belle Suzanne.

» Je reviens de loin, à ne te rien céler et je ne suis pas trop bien encore. On nous a enfin rappelés devant Sébastopol. À peine arrivé j’ai été pris par le typhus ; c’est une misère dont il ne faut pas parler à ma mère ; j’invente, pour lui expliquer mon silence, la fable la plus vraisemblable. Ne lui enlève pas non plus l’espoir de me revoir bientôt, quoique pour moi (et j’en ai le cœur serré) cet espoir ait cessé d’exister.

» C’est une guerre monotone que celle qui se