Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/228

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le projet de s’enfuir, y renonçant lâchement tous les soirs.

Il fût parti sans doute, si la présence de Félix était venue lui rappeler l’obstacle éternel qui le séparait de cette femme ; mais Félix absent, rien n’empêchait son imagination de reprendre l’idylle d’autrefois, dans laquelle il avait alors joué de bien mauvaise grâce un rôle imposé, tandis qu’à présent il y eût mis toute son âme.

Qui peut dire jusqu’où allèrent les rêves de Gaston ? Qui osera juger coupables ces rêves presque aussitôt refoulés que conçus, cet entraînement vague et irréfléchi auquel sa volonté ne céda jamais ? Qui peut dire ce qui se passa dans la pensée de Suzanne ? si elle avait entièrement oublié un autre temps, comme semblait le prouver son attitude et son langage ?