Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/248

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Si vous aviez une idée de cette souffrance que j’endure, je vous jure que vous me tendriez la main, dût-il vous en coûter beaucoup.

— Vous parlez de souffrir ? C’est que vous ne savez pas alors ce que j’ai éprouvé, quand il a fallu vous rendre la liberté d’être heureux. Quant à vous haïr aujourd’hui, rassurez-vous. N’avez-vous pas prévu autrefois l’indifférence pire que la haine ? Elle est venue. Je ne vous reproche rien, continua-t-elle en l’interrompant, du geste. Vous ne m’aviez fait aucune de ces promesses qui engagent. Votre tort a été de jeter à un autre le cœur dont vous ne vouliez plus, et encore ne puis-je me plaindre, puisque c’est à l’excès de votre mépris que j’ai dû le courage de vivre.

Elle évoquait avec force le souvenir de l’abandon de Gaston pour conjurer l’attrait