Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/249

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fatal de l’heure présente. Mais M. de Courvol fut souverainement habile. Loin de chercher à se disculper, il insista encore sur l’indignité de sa conduite passée, s’accusant avec véhémence afin de pouvoir dire ensuite :

— Nous étions dans ce temps-là deux enfants qui jouaient avec ce qu’ils ne pouvaient comprendre : c’est d’aujourd’hui que je me connais moi-même. Je n’ai pas su vous sacrifier alors une chimère de gloire. Me voici prêt à jeter à vos pieds toutes les brillantes réalités de la vie. Je ne crois plus à rien, pas même à l’honneur, auquel j’ai failli en vous faisant connaître tout ce qui devait rester enseveli à jamais. Il n’y a plus au monde que nous. Avez-vous le droit, aurez-vous la force de dire à un homme qui vous adore : « Je ne veux pas que vous m’aimiez ? »