Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/297

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Sa colère était si charmante, que je joignis les mains dans un transport de repentir et d’adoration qui la désarma.

L’éloquence de ce discours muet racheta la sottise de mes paroles ; il voulait si bien dire : — Ayez pitié d’un pauvre enfant du siècle vulgaire, qui n’a jamais porté ni manchettes, ni jabot, ni poudre, ni talons rouges, — qui n’a jamais été initié aux coquetteries de votre âge d’or, le seul qui ait mérité d’exister, — qui ne sait ni s’habiller ni vivre, — mais qui vous idolâtre en tremblant. Oubliez les divagations d’un cerveau que la fièvre envahissait avant même que votre beauté se fût complétée par l’apparence d’une âme. Ne me raillez pas trop de ma timidité, de ma gaucherie, de ce que vous appelez mon impertinence. Je perds la tête et ne sais plus si c’est de respect pour la