Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/304

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la seule amitié que me permît mon mari.

» Il avait une fille d’un premier lit. Jusqu’à mon arrivée dans la maison, elle avait grandi tristement sous l’aigre tutelle d’une gouvernante, ne voyant son père qu’à de rares intervalles. La timidité avait glacé jusqu’à sa physionomie. Je la trouvai sombre, farouche, sans expansion… Malgré son peu de charme, comme c’était un enfant et que j’avais le travers bourgeois, dont on riait beaucoup, d’adorer et de désirer ces petits êtres-là, je mis tous mes efforts à l’apprivoiser. J’y réussis. La pauvre petite m’accorda tout ce qui avait été si longtemps refoulé en elle. Ce fut comme un débordement de reconnaissance, de tendresse passionnée. Moi, qui avais une vivacité égale à la sienne et quelques années de plus, qui sollicitaient des attachements d’une