Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes adorateurs n’eut le pouvoir de troubler mon repos… Non, pas même le roi, qui daigna me remarquer tout un jour. En conservant ma liberté d’esprit, mon calme provocant, ma belle impertinence, je faisais d’autant plus tourner les têtes, que la mienne, avec une apparence de folie, raisonnait toutes choses et appréciait chacun à sa valeur, sans se monter jamais.

» Je piquais plus encore par mon indifférence que par la mine chiffonnée, la mutinerie, qui me composaient un visage de goût dans toute l’acception de ce mot du temps. On m’avait appliqué la devise que le comte de Bussy-Rabutin fit pour sa cousine : « Froide, — elle enflamme, » et cette qualité ou ce défaut de la froideur, était si rare parmi mes pareilles, qu’il eût suffi tout seul pour me mettre à la mode.