Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/313

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la hardiesse ; qu’après avoir commencé par répondre vivement à des malices, je finis par écouter, non sans rougir, des aveux qu’à visage découvert je n’eusse pu tolérer aussi tendres ; qu’il laissa tomber son masque ; que le son de cette voix, la vue de cette tête expressive me firent comprendre tout ce que je n’avais pas même pressenti jusque-là. Au milieu d’une vulgaire saturnale, deux cœurs s’entendirent, et l’échange en fut fait avant même qu’ils y eussent songé. Ce fut une nuit d’extase, une de ces nuits dans lesquelles on épuise tout ce que la vie a de joies profondes et cachées. En se démasquant, mon nouvel ami m’avait dit :

» — Je me remets à votre merci ; ne me trahissez pas. Je suis presque un déserteur. L’ivresse du carnaval s’est emparée de mon