Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/319

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ter. Cette fois encore, j’eus peine à la reconnaître… et c’était le chagrin qui l’avait changée, — changée à ce point qu’en me disant : « Je viens vivre avec vous, » elle semblait plutôt me parler de mourir ! — Son avenir était brisé… M. de Langeac la délaissait pour une autre ; il lui avait déclaré qu’en se croyant engagé d’honneur à lui donner son nom, il n’était plus libre du don de son cœur, et elle lui avait fièrement rendu sa parole, sentant bien que tout était fini pour elle et qu’elle ne se relèverait pas de ce cruel abandon.

» J’eus honte de mon bonheur en présence de son angoisse ; j’accablai l’infidèle qu’elle défendit avec une générosité qui trahissait l’excès de sa passion. La première journée se passa ainsi ; les peines de ma pauvre Lucienne