Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/57

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ouvrir les yeux, un mouvement de joie aussitôt suivi d’une nouvelle explosion de désespoir ; ses yeux à lui ne s’ouvriraient plus !

M. de Brenne envoya demander de mes nouvelles, n’ayant pas le courage d’affronter l’épouvantable similitude de traits et de physionomie qui lui montrait en moi le spectre de son fils. Il fallut le service funèbre pour nous réunir. Hélas ! nous ne pouvions rendre au pauvre corps absent que le simulacre des derniers devoirs !

Je me rappelle que l’église était pleine de monde et ma pensée bien loin de l’église, sur un champ de bataille où Gérard gisait, en m’appelant d’un dernier soupir. Je me rappelle aussi que mademoiselle de Mareuse, à peine pâlie sous des voiles de crêpe, tournait tranquillement les pages de son livre d’Heures.