Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/106

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la plaine. Il s’[y] rendait contre son gré jusqu’à
2410 [l’endroit] où il savait une salle de terre solitaire[1],
une chambre voûtée sous le sol, près du tourbillon aquatique,
de l'altercation des vagues, qui était pleine en dedans
de bijoux et de filigranes. Le gardien monstrueux,
le loup de combat [tout] prêt, détenait les objets d’or précieux,
vieil [habitant] sous terre ; ce n’était pas un prix commode
à risquer pour un homme quel qu’il fût.
Lors le roi hardi à l’attaque s’assit sur le promontoire,
de là il dit adieu à [ses] camarades du foyer,
l’ami d’or des Géates. Il avait l’esprit triste,
2420 il était troublé et s’attendant au carnage, le destin [était] infiniment près,
qui devait aborder[2] le vieillard,
aller trouver le trésor accumulé de l’âme, séparer[3]
du corps la vie ; alors l’existence du noble
ne fut pas longtemps enveloppée de chair.
  Beowulf parla, l’enfant d’Ecgtheow :
« Dans [ma] jeunesse j’ai survécu à beaucoup
d’assauts de combat, de temps de tumulte ; je me rappelle
tout cela. J’avais sept ans, lorsque le hardi prince aux trésors,
le maître ami des peuples, me reçut de mon père ;
2430 le roi Hrethel me tint et me garda,
il me donna trésor et banquet, il se rappela notre parenté.
Je ne lui fus pas en [ma vie] du tout moins chéri[4] comme
écuyer au château qu’aucun de ses enfants,
Herebeald et Haethcyn, ou mon propre [seigneur] Hygelac.
Pour l’aîné fut étendu[5] d’une façon contre nature
par les actes d’un parent un lit de meurtre,
après que Haethcyn l’abattit, son [futur]
maître ami[6], d’une flèche [venue] de [son] arc en corne,
il manqua le but et atteignit son parent,
2440 un frère l’autre, d’un trait sanglant.
Ce fut une attaque sans compensation [possible] perpétrée
criminellement, écœurante, et pourtant quoiqu’il en fût,
le noble dut finir ses jours non vengé.
  Ainsi il est triste pour un vieillard
d’endurer [ceci], que son garçon monte
jeune au gibet, qu’alors il chante [sa] plainte,

  1. D'autres traduisent : une certaine salle.
  2. Mot à mot : saluer.
  3. Mot à mot : séparer à part.
  4. Mot à mot : plus odieux.
  5. Ou « arrangé », si l’on lit styred avec Rieger.
  6. Bugge lit : freo-wine, « son noble ami ».