Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avant que les [deux êtres] prodigieux se rencontrèrent encore.
Le gardien du trésor accumulé s’enhardit, à nouveau [son] sein
s’agita de [son] souffle ; entouré de feu,
il souffrit détresse[1], celui qui jadis gouvernait le peuple.
[Ses] camarades, enfants de nobles, ne se tinrent
nullement en groupe autour de lui
avec bravoure batailleuse, mais ils se replièrent vers le bois,
ils protégèrent [leurs] jours. Chez un seul d’entre eux l’esprit
2600 fut agité de soucis ; jamais rien ne peut détourner
[le devoir de] parenté[2] pour qui est bien pensant.


XXXVI.


Il s’appelait Wiglaf, fils de Weohstan,
aimable guerrier à [écu de] tilleul, cacique des Scyliings,
parent d’Aelfhere. Il vit son seigneur lige
souffrir de la chaleur sous [son] masque d’armée ;
lors il se rappela l’honneur que celui-ci lui accorda jadis,
l’opulente demeure d’habitation des Waegmundings,
[et] chacun des privilèges politiques[3] que son père possédait.
Lors il ne put s’abstenir, [sa] main saisit l’écu,
2610 le jaune tilleul, [et] tira la vieille épée.
Celle-ci était [connue] parmi les mortels [comme] legs d’Eanmund,
fils d’Ohthere, pour qui exilé sans ami,
à l’assaut, Weohstan devint un meurtrier avec
le tranchant de [son] estoc et enleva aux parents du [mort]
le heaume de couleur brune, la cotte de mailles aux anneaux,
l’antique épée de géant[4] que lui donna Onela,
les vêtements de combat de son frère d’armes,
accoutrement militaire [tout] prêt. Lors [Onela] ne mentionna pas
cette querelle, quoique [Weohstan] eût accablé l’enfant de son frère.
2620 [Weohstan] retint pendant plusieurs semestres les ornements,
le glaive et la cotte de mailles, jusqu’à ce que son garçon
put accomplir prouesse de comte comme son père jadis ;
lors il lui donna parmi les Géates innombrable quantité
de vêtements de combat, lorsque de la vie il s’en alla au loin,
étant âgé.

  1. Ou « péril ».
  2. Earle traduit : « la parenté ne peut être détournée du devoir . . . . . »
  3. Mot à mot : droits sur le peuple.
  4. Ou : des Eotens (peut-être les Jutes).