Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/101

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l’heure où le soleil s’éteint. C’était jour de fête sans doute, car, outre l’essaim ordinaire d’enfants rassemblés autour du bassin, la foule endimanchée se pressait de toutes parts dans la grande allée et sous les ormeaux et les marronniers.

« J’étais fatigué de silence, et pourtant cette foule banale m’importunait. Je regardais les derniers rayons qui se traînaient sur les branches des arbres tomber un à un dans la nuit, quand, tout près de la statue de Jeanne d’Arc, mes yeux se fixèrent sur une jeune fille qui était là seule, et marchait à petits pas, timidement.

« Elle tenait à la main une fleur de marronnier qu’elle contemplait de temps en temps avec une sorte de tendresse, et elle jetait des miettes de pain aux moineaux languissants, qui songeaient à la feuillée. Une fois que je l’eus regardée, mes yeux ne la quittèrent plus ; mais elle, ne me voyait pas. Un à un les moineaux s’allèrent percher, et il ne lui