Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/103

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mots et à les aider dans leurs jeux. Le timbre de sa voix, doux et voilé, accusait les impressions déjà reçues de la souffrance et une âme impressionnable, mais jeune et pure. Son costume, d’une simplicité rigoureuse, était coquet en dépit de tout. Je cherchais à me moquer de moi-même de rester là si longtemps, et j’avais tout à la fois le désir d’aborder cette femme et une sorte de honte d’oser m’adresser à elle, quand un de mes amis passa, ayant au bras sa maîtresse, qui, s’arrêtant près de la jeune fille, lui dit bonsoir.

« Elle connaissait Florence ! ces innocents dehors m’avaient donc trompé ! Je fus bientôt de leur groupe, et, après quelques minutes de conversation, j’offris mon bras à la jeune fille pour retourner dans Paris. Elle refusa d’abord ; nos compagnons la raillèrent d’être si farouche, et elle accepta, comme à regret.

« Pendant la demi-heure que je la tins à mon bras, je fis tous mes efforts pour lui paraître aimable. J’obtins plus d’un sourire, et, une