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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/104

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ou deux fois elle me regarda, comme surprise et charmée de ce que je lui disais ; mais aussitôt ses beaux yeux s’abaissaient et elle redevenait timide. En la quittant à sa porte, je demandai à la revoir. Cette fois, une sorte de frayeur parut dans ses yeux ; elle devinait l’ennemi et refusa net. Mais je ne pouvais déjà plus renoncer à elle. Cette demi-heure de quasi intimité, pendant laquelle sa main avait reposé sur mon bras, m’avait embrasé d’un des plus vifs désirs que j’eusse encore éprouvés.

« Je cherchai ardemment les moyens de la revoir, et mon ami et sa maîtresse s’y prêtèrent lâchement, comme à une aimable plaisanterie. On entraîna Fanny au spectacle, où je l’abordai. Un peu effarouchée d’abord à ma vue, elle se remit, et nous causâmes toute la soirée. Elle me parlait avec un mélange de cet aplomb parisien qu’ont de bonne heure ici les enfants, et de crainte instinctive qui me touchait, et qui pourtant m’enflammait davantage. Son innocence native et l’éduca-