Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/105

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tion du milieu corrompu où elle vivait produisaient dans ses paroles et dans son air d’étranges rencontres ; de doubles lueurs vacillaient dans son esprit. Sa vraie ligne eût été le droit chemin, et elle y eût marché d’un pas ferme. Elle avait déjà plus d’une fois refusé de se vendre ; on me l’avait dit. Le seul moyen de la perdre était de s’en faire aimer.

« À son air, à son embarras, je le voyais, elle me sentait redoutable pour elle. Je la poursuivis partout de ma présence, de mes regards ardents, de ma muette prière. Le dimanche, au Luxembourg, j’étais sur ses pas ; si elle me congédiait, je restais à distance ; et partout où j’étais, elle me voyait bien. Je pus enfin louer une mansarde vis-à-vis de la sienne. La première fois que, se mettant à la fenêtre, elle m’aperçut, je la vis pâlir et s’affaisser presque, comme si elle se fût dit : « Je ne pourrai donc point lui échapper ! » Cela m’enivra. Je descendis en courant, montai chez elle, et dès qu’elle eut