Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/130

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du même ton affectueux qu’elle avait toujours, elle m’engagea à me mettre au lit. Eh quoi ! c’était là tout ce qu’elle avait à me dire après mes longues confidences ! L’impatience me fit brusquer une explication.

« Vous m’en voulez, n’est-ce pas, Julienne ? »

Elle me coupa la voix par un cri, un cri où l’on sentait une sorte de terreur.

« Moi ! vous en vouloir ? et pourquoi ?

— Ne dois-je pas être à vos yeux aussi coupable que celui que vous maudissez ?

— Oh ! je ne maudis pas ! Je n’ai jamais maudit ceux que j’ai aimés. J’ai horriblement souffert, voilà tout. Mais pourquoi maudire ? Ceux qui se privent d’être aimés, vous l’avez senti, sont bien malheureux.

— Et bien coupables.

— Oui ; mais tenez, c’est pour beaucoup notre éducation qui fait notre vie. Il y a bien peu de nous qui soient assez forts pour dire et faire autrement qu’il ne leur a été appris. Vous êtes né dans une condition bien supé-