Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/199

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courage d’être malheureuse, et vous… je veux, oui, je veux que vous m’oubliiez. Mon ami, ne vous révoltez pas, nous n’y pouvons rien. Je ne vous porterais que malheur. Mon existence est perdue… Ah ! pourquoi m’a-t-on mariée si jeune !… Mais, c’est fini. Malheur ou faute, n’est-ce pas toujours malheur ?… Olivier, si vous m’aimez vraiment, abandonnez-moi.

— Jamais ! » s’écria-t-il.

Et, avec toute la fougue d’un désir ardent et d’une conviction nouvelle, il s’efforça de lui persuader que le mariage n’était qu’un lien temporaire, dont la seule raison d’être était l’amour. Il parla éloquemment, au nom de la liberté, de la dignité de l’être. Il peignit comme il les rêvait les grandeurs et les enivrements de l’amour, et la tremblante Emmy voyait s’ouvrir devant elle des perspectives inconnues et sentait la passion envahir à torrents son âme. Si vraiment elle pouvait rester pure, en étant heureuse ?… Mais le souvenir de sa fille lui revint encore.