Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/200

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Ah ! — qu’elle se perdît ou non, — elle pouvait se donner, elle, mais pouvait-elle disposer aussi de la destinée de Paulette ?

« Et l’enfant ! répondit-elle, vous oubliez toujours l’enfant.

— Je vous l’ai dit : elle nous suivra ; je l’aimerai. Que puis-je vous promettre de plus pour elle, mon Emmy ?

— Je puis renoncer à tout pour vous, Olivier ; à mon honneur aux yeux du monde, à ma famille elle-même, et courir tous les risques d’une vie nouvelle dans un monde nouveau. Mais de tels sacrifices, les imposer à ma fille, sans l’amour, qui pour moi en effacerait les amertumes, briser sans compensation toute sa destinée, le devons-nous ? »

Il ne répondit pas et devint pensif, les yeux fixés sur les mains de la jeune femme, que tout à l’heure il couvrait de baisers.

« Vous ne pourriez consentir… à la quitter ? demanda-t-il lentement.

— Abandonner ma fille ! je serais une mauvaise mère ! vous ne m’aimeriez plus !