Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/95

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vées en moi pour me dire que ce n’était pas assez ; mais mon amour les avait écartées, et, par une répugnance que mon père blâma fort, je n’avais pas voulu prendre moi-même des informations directes.

« Mes idées de mariage parurent à mon père très-prématurées.

« Tu as vingt-trois ans, me dit-il, du talent, de l’ambition, par conséquent un bel avenir : te marier maintenant, c’est au moins dix ans trop tôt pour ta fortune. À trente-trois ans, ou plus tard, avec un nom que tu te seras fait et une position officielle que tu auras obtenue, tu peux épouser un million. Or, d’après ce que tu présumes, et tu n’en es même pas sûr, ton adorée ne t’apporterait tout au plus que le dixième ; c’est donc une folie. Et que ferez-vous avec cela ? — Vous vivoterez. — Tout jeune encore, te voilà dans les chaînes de la vie de famille, dans les embarras du pot-au-feu, de tous côtés à l’étroit, attaché, retenu, lié par la patte, en dehors désormais de toute combinaison matrimo-