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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/38

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Une nature moins forte que la sienne eût été découragée ; mais Hortense, qui connaissait la désillusion, ignorait le découragement.

Un jour, assise devant son bureau, elle songeait tristement.

— Nous marierons Marcelle avec une petite dot, pensait-elle ; Judith fera, je veux l’espérer, un mariage d’amour ; elle est assez belle pour cela. Et moi ?… oh ! moi je resterai avec mes parents… Si je m’en allais, qui donc ferait leurs comptes ?… Et, d’ailleurs, pour moi aussi il faudrait une dot… et la solde de mon pauvre père n’y suffirait pas. Mes sœurs mariées, je n’aurai plus de grands soucis… nous vivrons de peu… nous ne donnerons plus de fête… la vie sera plus facile… et je serai encore heureuse !…

Elle étouffa un soupir.

— Mais si je n’avais plus mes parents ? pensa-t-elle encore, je n’aurais pas de famille…

Un frisson la secoua tout entière. Elle releva les yeux comme pour fuir cette désolante vision de solitude future.

Son regard franchit la cour étroite, et rencon-