Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/39

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tra vis-à-vis d’elle, derrière les vitres ternes d’une fenêtre à balcon de bois, deux têtes d’enfants qui s’encadraient entre les rideaux relevés.

Déjà plusieurs fois elle les avait aperçus, là, ces enfants qui ne jouaient jamais et ne semblaient pas avoir la gaîté de leur âge ; mais jamais autant qu’à ce moment elle n’avait été frappée de la tristesse de leurs petites figures maigriottes et souffreteuses.

La petite fille surtout, qui pouvait avoir de sept à huit ans, montrait un visage pâle, allongé, sur lequel éclataient deux grands yeux noirs, profonds.

Assise près de la fenêtre, elle employait de grandes heures à découper patiemment des figurines coloriées qu’elle donnait ensuite à son frère.

Celui-ci, plus jeune de deux ans environ, avait une tête puissamment développée sur un corps de proportions ordinaires. Cette tête, large et bouffie, ne respirait ni la santé, ni l’intelligence.

Près d’eux, on ne voyait jamais une mère attentive. Une vieille servante, qui portait la