Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/53

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Valence, poudreuse à faire plaisir, ou sur le Champ de Mars, que sillonnent quelques soldats oisifs : tels sont les plaisirs des indigènes.

Le maire, le sous-préfet, le président du tribunal et le receveur des finances firent un gracieux accueil à la famille du colonel, et si les femmes de fonctionnaires ne vinrent pas très-régulièrement à ses jeudis, du moins plusieurs d’entre elles y firent de fréquentes apparitions.

Quelques jeunes gens en devinrent les hôtes assidus, et parmi ceux-là M. Belormel, juge d’instruction, et M. Ernest Samson, substitut.

Ces deux magistrats, bravant une rivalité dangereuse, ne craignirent pas d’introduire le piteux habit noir et la classique cravate blanche au milieu des dolmans vert et or du 17e hussards.

C’était très-crâne pour des magistrats.

Lorsqu’ils entraient, raides, austères, dans le salon miroitant d’uniformes, le colonel les trouvait bien courageux, Hortense leur donnait son estime, et un adorable sourire de Judith les récompensait largement.

M. Ernest Samson appartenait à une excellente famille, se piquait d’être le substitut le