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Page:Berger - Les Femmes poetes de l Allemagne.djvu/72

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de se singulariser, de ne pas paraître « mouton de Panurge », feignit, quelque temps, d’ignorer Goethe, de ne pas partager le culte de la majorité de l’Allemagne pour le Maître. Son indifférence volontaire se changea pourtant en sympathie, puis en une admiration passionnée qui s’adressait beaucoup moins à l’homme lui-même, déjà âgé, qu’au génie dont la gloire exaltait sa jeune imagination. Pour mieux approcher du grand homme, elle sut plaire à la mère de Goethe, heureuse de cet enthousiasme si grandement partagé par son propre cœur.

Il y eut entre Goethe et Bettina, en effet, un échange de lettres, mais, d’après certains documents retrouvés plus tard, il est prouvé que cette correspondance ne dépassa pas le ton naturel d’un échange de pensées amicales entre « une enfant » et un homme d’une soixantaine d’années, flatté seulement, dans son amour-propre de demi-dieu, par un hommage de plus.

Plus tard, après la mort de Goethe, grossissant, selon son habitude, les faits passés, Bettina publia cette correspondance avec de