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Page:Berger - Les Femmes poetes de l Allemagne.djvu/98

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la situation pathologique où le songe et la vérité, le passé et le présent se confondent avec une force inquiétante « en son front bouillant ». Car le rêve n’est point, chez elle, indolence, lymphatisme. Son âme ardente y puise des forces d’action. Elle y réfléchit pour se connaître davantage. Le mystérieux, le redoutable même l’attirent :

Und fester drückt, ich meine Stirn hinab,
Wollüstig saugend an des Grauens Süsze.

(Et je presse plus fortement mon front penché, aspirant avec volupté la douceur de la terreur.)

Selon un de ses biographes, une cause physique influa sur son caractère et sur celui de ses œuvres. « Bien que ses yeux, dit Lewin Schücking, fussent d’une pénétration sans exemple pour les objets proches, ils avaient une extrême faiblesse de vue pour ce qui était éloigné. Ainsi, le monde environnant lui est apparu à travers un voile et le contour flottant des choses. »

Dans la nature, elle observe donc avec netteté, minutie, l’herbe, le caillou, l’insecte,