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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/149

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C’est donc en marge de son labeur quotidien que Mlle Leroy pouvait rencontrer la Muse et s’entretenir avec elle, dans le clos du rêve qu’elle a célébré avec amour, mais en un style romantique plutôt démodé.

Ce qui caractérise son inspiration, c’est l’infinie pitié qui l’imprègne pour tout ce qui souffre. On pourrait modifier en son honneur le vers célèbre :

Et sa pitié s’étend à toute la nature…

aux « fous » qu’on enferme sans se soucier des douloureuses lueurs de raison qui exaspèrent leur mal, aux oiseaux qu’on emprisonne dans des cages ou dont on brûle les yeux pour les faire mieux chanter, aux « deux méconnus », la grenouille et le crapaud, aux choses elles-mêmes, aux « tombes abandonnées », au lierre encore vivace que meurtrit la hache lorsqu’elle abat le saule mort auquel ses rameaux donnaient un semblant de vie…

La souffrance d’autrui la poursuit comme une obsession. Aussi, le spectacle de la vie lui paraît-il affligeant :

Est-ce un bien, est-ce un mal d’atteindre la vieillesse ?…

La réponse à cette question se trouve dans un autre de ses poèmes :

Le souvenir du bien vaut toute récompense : Il prolonge la vie et fleurit l’existence.

Le destin de Mlle Leroy a donné raison à cette pensée. Si sa muse n’est point de celles qu’il faut