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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/160

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Je vis cloîtrée en ta pensée ;
Plus ne m’est rien, rien ne m’est plus.
La via âpre et folle et pressée
Autour de moi bat vainement son noir reflux.
Ah ! cachons notre amour ! que son arôme ailé
Ne s’exhale pour nous qu’en secret, plus intense.
Comme pieusement, en un flacon scellé,
Nous gardons le trésor merveilleux d’une essence.

Parce que son amour est vrai et désintéressé, il sait se faire humble :

Si vous ne pouvez pas être toute son âme
Soyez un coin du cœur, un rappel de l’esprit,
Car nous sommes ainsi : pour l’amour d’une femme
Rien n’est trop grand, rien trop petit…

Cette force, cette générosité de son amour lui permettront d’accepter sans révolte, de défier la douleur possible de l’abandon. N’est-ce pas, selon elle, être déjà une élue que de respirer la divine fleur ; lorsque celle-ci laisse nos âmes veuves de sa caresse, nous ne perdons rien de la douceur, de la gloire de l’avoir tenue entre nos doigts.

N’est-ce donc pas assez d’avoir connu l’amour !
N’avez-vous pas goûté l’orgueilleuse douceur
De pleurer sur la joie et la douleur mortelles ?
Et si l’amour, demain, devait fuir — oh ! pardon,
J’ai peur de t’offenser, dieu cher que je blasphème !.
Le parfum de la fleur embaumerait mes jours
Et du souvenir doux et cher de mes amours
Je ferais du bonheur, encor, sans anathème !…

Aimer, selon elle, vaut mieux que d’être aimée. L’ivresse vraie, c’est donner, non recevoir :