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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/162

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par la contemplation du Beau qui, en dépit des déceptions et des douleurs éprouvées, la rattache à la vie :

Et la vie est un don puisqu’elle accorde à l’être
Ces immenses pouvoirs : amour, création.
La vie est un trésor pour qui la peut connaître,
La vie est pure et grande en sa rédemption.

Mais Marguerite Coppin possède un autre refuge, plus proche, plus effectif contre le mal : son amour filial si délicatement, si fervemment chanté dans le recueil intitulé Maman :

Maman, je suis si lasse, et du monde — et de moi,
Viens, dis ! Tu chanteras, tu parleras, je pense.
Viens, je me réfugie en ta chère présence :
On respire la paix dans l’air autour de toi…
Maman, je suis bien lasse et je ne sais pourquoi !
La vie est dure ; hier, elle était aussi dure…
Je perds pied quelquefois ; la voie est vague, obscure,
Je doute de la voie et je doute de moi.
Mon courage est réel, mais qu’il faut de courage !
Travail-travail et peine
travail et peine et je n’ai que mon âge…
Il semble si longtemps à vivre encor ? Tais-toi,
-
Maman, si je me plains, c’est que je suis si lasse !
Ne dis plus rien, veux-tu ? Mais donne moi ma place
Sur tes genoux comme un enfant qui pleure-et berce-moi !

Laquelle d’entre nous ne se ferait pas l’écho de ces cris de tendresse et de dévotieuse reconnaissance ?

Ma mère, en toi je vois et je comprends la mère Et je t’adore mieux d’être ma mère à moi.