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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/165

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point dans la solitude, que « le meilleur amour » de Marguerite Coppin lui a été ravi…

Et la Brugeoise au cœur endeuillé n’a point voulu, malgré la paix revenue, retourner seule en sa patrie. Elle s’est fixée en Angleterre, rompant, presque tous liens avec sa vie ancienne, rimant encore pour sa satisfaction personnelle, et se plongeant volontiers dans les mystères de la philosophie et de la théosophie.

L’inspiration de Marguerite Coppin ne devrait pas, si tôt, se tarir. Elle est spontanée, sincère, émouvante, elle a d’heureuses trouvailles d’idées et de mots. Sans doute, l’auteur n’a pas toujours su travailler assez ses vers — c’est le défaut des poètes qui écrivent avec facilité — ; on pourrait lui reprocher aussi une certaine banalité dans les rimes, quelques délits prosodiques, voire grammaticaux, et, ça et là, des mots impropres qui ont provoqué l’emploi du terme « style belge » dont nos voisins sont vexés, à juste titre. C’est tout simplement du français incorrect, et, hélas ! on en trouve des exemples aussi bien en France qu’en Belgique ; mais il y a, en somme, beaucoup plus à louer qu’à blâmer dans cette œuvre sympathique et féconde.

La philosophie, d’ailleurs, en est élevée, sereine, altruiste ; elle pourrait se résumer en ces deux strophes, glanées en deux pages voisines :

Ô sortons un instant de nos étroits chagrins !
Je voudrais que mon cœur, trop grand pour ma poitrine,
S’élargissant encore à tous les mots humains,
Pût gagner le port sûr de la pitié divine !