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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/21

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En réalité, ce petit pays fut grand parce qu’il contenait de grandes âmes.

Et l’Histoire nous apprend que celles-ci n’ont pas attendu notre époque pour se manifester.

La guerre de 1914 semble avoir été, néanmoins, pour la Belgique, la pierre de touche de sa valeur, le carrefour où l’attendait l’Ange des Destinées.

Ceux qui seraient tentés de dénier au génie le don de seconde vue feront bien de relire la lettre, datée du 21 janvier 1862, et dans laquelle Victor Hugo qui professait, à l’égard de la Belgique, la reconnaissance des exilés, adjurait ce peuple d’user de clémence envers la « bande noire de Charleroi » dans les termes suivants :. « Je supplie la nation belge d’être grande. Il serait beau que ce petit peuple fît la leçon aux grands et, par ce seul fait, fût plus grand qu’eux ; il serait beau, devant la croissance abominable des ténèbres, en présence de la barbarie recrudescente, que la Belgique, prenant le rôle de grande puissance en civilisation, donnât tout à coup au genre humain l’éblouissement de la vraie lumière. »

À soixante ans de distance et en des circonstances bien autrement puissantes, quel sens

    Cortvrint, électrocutées en favorisant le passage de soldats belges et français à la frontière, Mathilde Raes, martyrisée dans sa prison en 1918, et enfin la petite Yvonne Vieslet, âgée de dix ans, fusillée à bout portant à Monceau-sur-Sambre pour avoir donné le pain de son goûter à un prisonnier français. Ces martyres de la grande cause doivent avoir leur nom inscrit dans ce livre.