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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/22

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prophétique revêtent à nos yeux ces lignes du poète de la Légende des Siècles !

Si la vérité sort parfois des lèvres des grands hommes, elle s’exhale aussi, souvent, dit-on, de la bouche des enfants… Qu’on me permette d’en donner ici une preuve étroitement liée au sujet qui nous occupe.

Au mois d’août de l’année 1908, je venais de visiter la Belgique et je regagnais, par le Luxembourg, la Lorraine où m’attendaient les miens. À Arlon, montèrent, dans le compartiment du wagon que j’occupais, une femme entre deux âges et un petit garçon de 7 à 8 ans ; il me fut aisé de reconnaître bientôt, en eux, une gouvernante de bonne famille et son élève. L’enfant, qui avait une physionomie intelligente et fine, débordait de l’entrain de son âge ; il s’intéressait à toute chose, questionnait sans cesse l’institutrice ; celle-ci, raide, la mine renfrognée sous sa capote démodée qui emboîtait les multiples tours de nattes d’un faux chignon, ne se prêtait nullement à son rôle ; au lieu de répondre aux questions du gentil bonhomme, elle le morigénait avec un accent tudesque des plus caractéristiques. À la fin, voyant que l’enfant ne se décidait pas à rester immobile et muet pour lui permettre de lire le roman qu’elle tenait en main, elle se pencha vers lui, fort en colère :

— Foulez-fous m’opéir, oui ou non ?

— Non riposta tranquillement l’élève, non sans un malicieux sourire.

— Ah ! Et bourquoi ?