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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/23

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— Parce que… parce que vous n’êtes qu’une Allemande et que je ne vous aime pas…

La scène commença de m’intéresser vivement. Je me tournai vers la Fraulein qui, blême, le visage contracté, cria :

— Ah ! che ne suis qu’une Allemante !… Et pien, qu’est-ce que tu es, toi, donc, espèce de camin ?

— Moi, fit simplement l’enfant redressé, avec une ingénue et touchante fierté, je suis un Belge et…

— … Ah ! oui, parlons-en, un grand bays, un peau bays ta Pelgique… à côté de l’Allemagne…

Debout, l’enfant l’arrêta, trépignant :

— Oui, s’écria-t-il avec force, c’est un beau pays, un grand pays, la Belgique, plus grand, plus beau que le vôtre, je le sais bien, moi… et je ne veux pas, non je ne veux pas que vous en disiez du mal !…

L’Allemande, calmée, se contenta de ricaner en haussant les épaules. Pour mon compte, tout émue de la profession de foi patriotique du bambin, j’avais envie de lui dire : Bravo, petit ! et de l’embrasser…

La conversation s’arrêta, car le train arrivait à une station où mes compagnons de route descendirent.

J’avoue que, plus d’une fois, au cours des années d’épreuve, j’ai songé aux paroles convaincues du petit Belge. Peut-être celui qui les prononça, et qui est maintenant un homme, les a-t-il oubliées ? J’imagine, en tout cas, qu’il a