Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/44

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discrétion… et mal servi la curiosité qui aime à être aiguisée par le mystère…

Leurs noms ne veut en apert dire
Car leur pès aim et dout (redoute) leur yre (colère)

Mais, par un tour adroit, fréquent à l’époque, ce trouvère, qui sait jouter en courtoisie autant qu’en poésie, révèle :

Pour ce, seront leurs noms nommé
Si je puis si couvertement
Qu’entendre ne puisse la gent
Les noms d’elles quand le liront
S’en ne leur monstre où li nom sont.

Suit alors une pièce de 34 vers dont les lettres initiales forment un acrostiche où l’on peut lire : La Reine de France Marie, Madame Blanche.

Mme Defontaine-Coppée, femme poète belge, dont nous aurons l’occasion de reparler, a retracé, en vers et en prose, dans ses Femmes illustres de la Belgique[1], la vie de Marie de Brabant. Elle n’oublie pas d’y faire allusion au talent littéraire de la reine :

souvent pour charmer les longs ennuis des cours
« Près ly rois Adenès » elle montait sa lyre
Et les vers en tombaient embellis d’un sourire.
Les Muses lui parlaient avec des mots de miel
En lui chantant en chœur les chansons de leur ciel.
Les lettres et les arts fleurirent autour d’elle
Déposant sur son front la couronne immortelle…

À l’époque où rimait, en son lointain château de France, Marie de Brabant, vivait à Lille, alors

  1. 2 vol. prose et vers (Dierickx, Beke fils, Malines, 1865).