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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/79

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comparé au poète des Intimités, François Coppée, Emmanuel Hiel, amateur de rythmes populaires, et, enfin, « le génial et doux chanteur », [1] Guido Gezelle, le saint François d’Assise de la poésie, dont l’âme ardente et pure se consuma, comme un cierge, dans le demi-jour de l’abnégation religieuse, et survit en ses vers avec tout l’éclat mystique et chaud des précieux vitraux d’église.

Des deux parts, on le voit, une préoccupation patriotique dominait les esprits.

Après tant d’esclavages successifs, la Belgique, ayant rejeté ses chaînes, aspirait non seulement à jouir de sa liberté, mais à la proclamer et à la sauvegarder dans l’avenir. Toutefois, ainsi qu’une convalescente aime à étayer sa faiblesse contre un appui sûr, elle n’osait, du premier jour, vivre exclusivement sur son propre fonds ; elle essayait ses pas, sa voix, en regardant marcher, en écoutant parler les autres.

Les autres !… c’est-à-dire surtout la France, son alliée et amie des jours récents contre la Hollande. L’étincelle française couvait en son foyer, car l’occasion d’acquitter sa dette de reconnaissance lui avait été aussi offerte et, en âme loyale, généreuse, elle ne l’avait point laissé échapper. Elle accueillit, en 1836, les révolutionnaires devenus suspects au sein de leur propre pays, comme elle avait fait les conventionnels de 1815.

Plus tard, encore, en 1851, elle renouvela son

  1. Une gloire de la Flandre ; Guido Gezele, prêtre et poète, par Ch. Grolleau (Crès, 1907).