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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/88

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rythmée, convient mieux à ces sujets nationaux.

Par contre, l’allure romantique se retrouve dans La plainte de Fanny, petit poème d’amour mélancolique…

« Reste là, ma lyre suspendue au mur et vouée à l’oubli ! Les joues ruisselantes de pleurs, je dis adieu à la poésie, je dis adieu à l’art ! Si je veux suivre le sentier parcouru par Moëns[1], — mon amoureux n’est plus là pour m’inspirer et me conduire. Les désirs et le courage, tout m’abandonne… Mon tendre ami repose auprès du souverain Être. J’ai perdu mon amant fidèle !

« Ô banc gazonné où nous nous sommes si souvent assis, à quoi sert aujourd’hui ta fraîcheur ? — Je n’ai que faire de tes attraits et de tes caresses, ô Philomèle. — Tu peux cesser ton chant si doux ; à quoi bon, zéphirs, voltiger voluptueusement autour de mon front ? — que m’importe, nature, que tu renaisses avec splendeur ? Va, couvre-toi de nouveau de tes vêtements de deuil, ― car j’ai perdu mon amant fidèle… »

C’est bien là « la plaintive Elégie décrite par Boileau et que les contemporains d’Elisa Mercœur, d’Eugénie de Guérin, d’Anaïs Ségalas trouvaient si fort à leur goût.

La contribution poétique de Maria Doolaeghe est fort importante quant au nombre des poèmes composés entre 1830 et 1877.

Outre les prix littéraires qui couronnèrent ses efforts, Mevrouw van Ackere-Doolaeghe reçut du gouvernement des commandes de poèmes

  1. Pétronella Moëns, poétesse hollandaise aveugle, avec qui l’auteur était en relation (voir Les Femmes poètes de la Hollande, page 143). Maria Doolaeghe l’a célébrée en une courte brochure éditée chez L. de la Montagne, Anvers, 1872.