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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/101

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— Et si vous alliez être reçu ! répliquaient les autres.

— Eh bien, justement !

— On verrait donc au Salon des Venises signées Lazoche ! Vous n’y pensez pas ! Mais alors, malheureux que vous êtes, qu’est-ce qui prouverait désormais que toutes les Venises sont de Ziem ?

— Je ne comprends pas !

— Ah ! vous ne comprenez pas ? Eh bien ! sachez, monsieur, qu’il est urgent pour l’écoulement de vos produits dans l’intérêt de notre industrie, que toutes les Venises que l’on fait et surtout les vôtres soient éternellement de Ziem ! Comprenez-vous maintenant ?

— Oui, fit Lazoche, trop bien et trop tard ! Je faisais là un joli métier, miséricorde !

Et il sortit en enfonçant son chapeau avec un tremblement. De ce jour, il renonça aux Venises anonymes.

Pour apprécier l’héroïsme du sacrifice, il faut savoir que Lazoche n’avait pas, non seulement d’autre ressource, mais d’autre talent, et que le pauvre garçon était marié. Cette atroce fabrication lui avait faussé l’œil et la main au point qu’il n’était pas bien sûr lui-même de pouvoir copier proprement un pot, une carotte