Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/105

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de contrefaçon qui le rendaient complice d’un vol véritable, il ne put s’y décider. Selon le conseil de Saintonge, il tenta de l’orientalisme ; mais aucun marchand ne voulut de ses chameaux, même sans signature : on les trouvait, poliment, trop personnels. Alors, il fit des fleurs, mais quelles fleurs, grand Dieu ! Les plus indulgents les prenaient pour des feux d’artifice. Un marchand lui écrivait : « J’ai attentivement regardé le bouquet que vous m’avez envoyé ; c’est sans doute le bouquet du 14 Juillet que vous avez voulu représenter. Croyez-en, monsieur, ma vieille expérience ; il est des choses que la peinture ne peut pas rendre ; les feux d’artifice et les feux de peloton sont de ce nombre. J’ai l’honneur de vous saluer. »

Enfin, le hasard vint en aide au déplorable Lazoche, et lui fit découvrir à la fois sa voie artistique et la fortune. Un matin, on heurta à sa porte.

Lazoche, qui n’attendait personne et auquel son concierge ne montait jamais ses lettres, hésita d’abord à ouvrir, craignant ce que les bohèmes appellent, depuis Pyrrhus, une tuile.

— Monsieur Galoix, fit une voix timide.

A ce nom bien connu, Lazoche jeta vite la couverture sur la baignoire où la paresseuse