Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/106

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s’étirait voluptueusement, et il courut à la porte.

— Quel honneur ! fit-il pour dire quelque chose.

A la vérité, Lazoche était inquiet de cette visite. Ce Galoix n’était autre que le charcutier auquel, depuis quinze jours, il prenait sa galantine à crédit, car il était à bout de ressources :

— L’honneur est pour moi, monsieur, répliqua l’autre. Mais je crois que je vous dérange ! ajouta le charcutier en rougissant jusqu’aux oreilles, car, dans la buée d’eau chaude et de cigarette, il venait d’apercevoir, comme coupée par la couverture, la tête de la baigneuse qui le regardait, nonchalante. Vous avez un modèle ?

— Non, dit Lazoche, qui ne put s’empêcher de rire à l’idée de ce modèle posant dans une baignoire, c’est ma femme que je vous présente.

Le charcutier rougit plus fort, ne sachant s’il fallait saluer ou se voiler les yeux. Et, pour se donner une contenance, il se retourna vers une des toiles accrochées à la muraille :

— Ah ! monsieur ! on n’a pas besoin de demander si c’est Venise. Quel joli endroit tout de même. Vous y êtes allé ?