Aller au contenu

Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

séquent d’en être absous, s’en allait là-haut sans viatique.

Son ange l’emporta tristement au tribunal de l’Éternel.

Je vous ai dit en commençant que l’on calomnie le moyen âge. Mais allez donc aujourd’hui lui faire honneur de cette foi naïve aux dogmes évangéliques qui, du son des cloches envolées, du prisme féerique des vitraux, de la joie de ses fêtes fleuries, adoucissait les plus rudes servages !

On espérait en 1409, avant la découverte de l’imprimerie, et l’espérance, c’est le bénéfice de la croyance. Qui dira si, sur cette terre pleine de secrets ténébreux, qui dira si mieux ne vaut pas croire que savoir ! Toujours est-il que les misères humaines s’égayaient d’un paradis de rêve où l’orthodoxie tolérait les plus grandes libertés et laissait entrer l’art du peuple, si naturaliste fût-il, comme on le voit dans les sotties et les mystères. Rome ne s’est jamais fâchée que, le dimanche, sur les places et devant l’église, le bon Dieu fut représenté avec une grande barbe, le Diable avec des cornes de bouc, la sainte Vierge en robe de brocart d’or, et l’Église sourit quand les poètes leur prêtent des dialogues.