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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/121

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L’âme du pauvre Orderic était si lourde de péchés sur les ailes de l’ange, que son sort éternel en semblait écrit d’avance ; elle s’enfourchait d’elle-même, sans jugement, dans les tridents de Lucifer et de ses aides, par la loi seule de la pesanteur.

— J’espère, ricana le prince des ténèbres, que, celle-là, vous ne me la chicanez pas ? Je la réclame d’office.

— Pardon, fit une voix, plaidons.

Et l’on vit descendre d’une haute chaire l’excellent Thierry de Matonville.

Le Mal haussa les épaules.

— Allons-nous donc procéder par dénombrement homérique pour une somme de péchés, tous mortels et dont un seul me donne ce moine, et avons-nous du temps à perdre ?

— Nous en avons, dit le prieur, nous sommes en éternité.

Et il s’adossait à la croix de Jésus-Christ, qui lui en prêtait l’appui miséricordieux.

— C’est bien simple, reprit Lucifer avec colère, inutile de saliver, j’ai le relevé desdits péchés, le voici. Il suffira d’en chiffrer le total pour éclairer la religion du juge.

— Combien ? demanda Thierry.

— Avec ou sans les véniels ?