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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/146

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LE BON CHEVALIER DE FRILEUSE


M. le chevalier de Frileuse était le plus galant homme de ce monde. Il en était également le plus heureux, non pas que le long de sa route il n’eût été çà et là accroché par quelques buissons d’épines, mais les plus piquantes s’émoussaient sur la peau de philosophe qu’il s’était faite. Et qui dit peau de philosophe parle d’un cuir à toute épreuve.

Le chevalier avait beaucoup d’esprit, mais plus encore de prudence. Aussi ne connaissait-on de lui qu’un seul trait malin, qui était d’avoir vécu cinquante-quatre ans sans offenser personne. Ce trait d’esprit devenait d’ailleurs incontestable pour quiconque savait les ruses admirables au moyen desquelles M. de Frileuse était parvenu à rester célibataire. Rien qu’à la façon dont il abordait une veuve, vous l’eussiez